Vida isleña I : Deportes tradicionales polinesios

Patia fa o lanzamiento de jabalinas [Traduction en français en bas]

A pesar de la relativa reciente llegada de internet a Niau y a los otros atolones de las Tuamotu, los isleños todavía conservan algunas tradiciones polinesias de cuando la gente sabía entretenerse con cosas diferentes a una pantalla. Una de estas tradiciones es el Patia fa o lanzamiento de jabalinas, con el objetivo de alcanzar un coco situado en altura. Hay muchos deportes polinesios muy locos para una popa’a como yo, pero he elegido explicar el lanzamiento de jabalina porque es una disciplina típica de las Tuamotu y porque tengo la suerte de conocer a un muy buen lanzador y fabricante de jabalinas.

Patia fa o lanzamiento de jabalina es una disciplina típica del archipiélago Tuamotu

Según me han contado, este deporte local era en principio un entrenamiento de puntería de los guerreros que se entrenaban en los marae antes del combate, pero se transformó con el tiempo para convertirse en disciplina deportiva. Hay dos modalidades, masculina y femenina, que difieren en la distancia y altura de lanzamiento. Los hombres lanzan desde 22 o 24 metros y las mujeres desde 18 metros de distancia a un coco clavado en la punta de un soporte de madera situado a una altura de 9.50 metros para los hombres y 7.50 metros para las mujeres. El lanzamiento se hace de abajo a arriba con un brazo estirado que impulsa la jabalina con el dedo índice y el otro brazo sujetando para dar la dirección. Es difícil y requiere una técnica depurada, yo solamente he probado a lanzar un día pero me fue imposible lanzar a más de 3 o 4 metros de altura… y a ellos les pareció muy divertido verme. Cada lanzador tiene 10 jabalinas y 7 minutos para clavar las máximas posibles en el coco. Para diferenciar las jabalinas cada lanzador las pinta con motivos, formas o combinaciones de colores únicas y propias. Al final es un poco como los dardos pero en vertical; el coco está dividido horizontalmente en 5 partes y cada una de ellas corresponde a un número de puntos, cuanto más arriba clavas la jabalina, más puntos ganas.

Aquí os dejo un video con bonitas imágenes para que veáis a lo que me refiero.

Y según la tradición, las jabalinas se fabrican de forma artesanal, siguiendo estas etapas:

1. Elegir bien la madera y cortar las ramas, que tienen que ser lo más rectas posibles y del tamaño adecuado. Las mejores especies de árbol para la fabricación de jabalinas son el Purau (Hibiscus tiliaceus) y el Miro (Thespesia populnea). Es la etapa más difícil!

Bosque de Purau y ramas elegidas para la fabricación de jabalinas

2. Quemar las ramas para poder pelar la corteza fácilmente y corregir la forma recta de la futura jabalina ;

Aprovechamiento de una pila de hojas secas de cocotero para quemar la madera, corrección de la forma y verificación de la rectitud de la misma

3. Pelar la corteza sin quemarse los dedos y atar las ramas muy juntas aprovechando la corteza quemada para mantener la forma recta ;

4. Tallar una punta en el extremo más ancho de cada jabalina, taladrar un agujero en el medio y preparar el refuerzo de las puntas con lata metálica ;

Ririfatu trabajando la madera para acoplar la forma de la lata a cada jabalina.

5. Afilar las puntas de hierro, clavarlas en la jabalina y listo!

Una o varias veces al año los habitantes de Polinesia se reúnen cada vez en una isla distinta para participar en un evento de deportes tradicionales (Heiva), de forma individual o bien por equipos como representantes de su isla. El Heiva incluye varias disciplinas tradicionales isleñas : lanzamiento de jabalina, "llevadores" de frutas (carrera ida y vuelta de 2600 m con 15 Kg (mujeres) y 30 o 50 Kg (hombres) de cocos/plátanos/pinas atadas a un tronco de madera y cargadas en los hombros), carreras de va’a (piraguas polinesias), trenzado de niau (hojas de cocotero, se valora la creatividad del diseño y la velocidad), coprah (prueba individual o por equipos de de velocidad cortando y decorticando cocos), subida a cocoteros, levantamiento de piedras y seguramente otras que desconozco. Van vestidos de forma tradicional, los hombres con el torso desnudo y únicamente un pareo cubriendo sus partes, las mujeres también con un pareo o con un vestido y todos descalzos y con coronas de hojas y flores en la cabeza.

Los Heiva son una forma genial de fomentar la cultura local, la cohesión y estrechar vínculos entre los habitantes de cada atolón, entre las diferentes islas del archipiélago y en toda la polinesia en general.

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En français :

Patia fa ou lancer de javelot et autres sports traditionnels polynésiens

Même si internet est arrivé à Niau et à d’autres atolls des Tuamotu, la population des îles préserve encore quelques traditions polynésiennes de l’époque où on savait occuper le temps avec une autre chose qu’un écran. Une de ces traditions est le Patia fa ou lancer de javelot, qui a comme but atteindre une noix de coco située en hauteur. Il y a plein de sports polynésiens trop bizarres et fous pour une popa’a comme moi, mais j’ai choisi de développer le lancer de javelot car c’est une discipline typique des Tuamotu et que j’ai la chance de connaitre un très bon lanceur et fabricant de javelots.

Parmi les sports traditionnels, le Patia fa ou lancer de javelot est une discipline née dans l'archipel Tuamotu

On ma dit que ce sport local c’était à la base un entrainement des guerriers sur les marae pour bien cibler les ennemis avant du combat, mais il s’est transformé pour devenir une discipline sportive. Il y a une modalité masculine et une féminine selon la distance et la hauteur de lancement : les hommes lancent depuis 22 à 24 mètres et les femmes depuis 18 mètres à une noix de coco placé sur un support en bois à hauteur de 9.50 mètres pour les hommes et 7.50 mètres pour les femmes. La lancée se fait depuis le bas vers le haut, avec l’index qui impulse le bout du bois pour cibler la noix de coco. C’est compliqué et cela nécessite d’une bonne technique, j’ai juste essayé une fois mais pour moi c’était impossible lancer et monter à plus de 4 mètres de haut… ça les a fait bien rigoler eux ! Chaque lanceur a 10 javelots et 7 minutes pour atteindre la noix de coco avec le plus de javelots possible. Pour différencier les javelots, chaque lanceur peint ses bois avec des motifs, des formes ou des combinaisons de couleurs propres à lui/elle. Après, c’est un peu comme les fléchettes mais à la verticale, la noix de coco est divisée horizontalement en 5 parties et chacune correspond à un nombre de points, avec la partie la plus haute offrant le maximum de points. Voici une petite vidéo avec des belles images pour voir à quoi ça ressemble !

La fabrication de javelots est artisanale, voici toutes ses étapes :

[regarder les photos plus haut, merciii]

1. D’abord faut bien choisir et couper le bois, faut que ça soit bien droit et de la bonne taille. Les meilleures espèces d’arbre pour la fabrication des javelots sont le Purau (Hibiscus tiliaceus) et le Miro (Thespesia populnea). C’est l’étape la plus difficile !

2. Puis il faut bruler le bois afin de mieux décortiquer et pouvoir corriger la forme pour que le futur javelot soit le plus droit possible ;

3. Ensuite il faut décortiquer l’écorce et attacher les bois bien serrés avec cette même écorce pour garder la forme droite ;

4. Après il faut tailler la pointe à l’aide d’un couteau, percer un trou à l’intérieur et préparer le renforcement des pointes en recyclant une canette métallique ;

5. Et enfin faut aiguiser les piquets de fer à béton et les placer sur les trous des javelots et voilà fini !

Au moins une fois par an les habitants de Polynésie se réunissent pour participer à un événement de sport traditionnel (Heiva), soit de façon individuelle ou bien par équipes comme représentants de son île d’origine. Le Heiva regroupe plusieurs disciplines typiques des îles : lancer de javelot, mais aussi porteurs de fruits (course aller/retour de 2600 m avec 15kg (femmes) ou bien 30 voir 50 kg (hommes) de cocos/bananes/ananas attachés à un bout de bois et portés sur les épaules), course de va’a (pirogue polynésienne), tressage de niau (feuilles de cocotier, où on évalue la vitesse de tressage et la créativité du design crée), coprah (épreuve individuelle ou par équipes de vitesse de casser et décortiquer des noix de coco), grimper au cocotier, levée de pierre et surement d’autres que je ne connais pas. Ils sont habillés de façon traditionnelle, les hommes torse nu avec un paréo et les femmes aussi avec paréo ou une robe, tous pieds nus et avec des couronnes de fleurs sur la tête.

Les Heiva sont une bonne façon de promouvoir la culture locale et en même temps les liens et la cohésion entre les habitants d’un même atoll puis entre les différents atolls des Tuamotu et l'ensemble des archipels de Polynésie !